jeudi 30 juin 2011

Philippe CIBILLE, photographe

Philippe CIBILLE commence sa carrière comme photographe de presse au Républicain lorrain. S'il se spécialise très vite dans la photographie de jazz, c'est quand il découvre Archaos, en 1989, qu'il devient un des principaux témoins des créations artistiques que l'on appelle "nouveau cirque". On peut dire qu'on retrouve ses images dans la plupart des dossiers de presse des compagnies de ce type au point qu'on comprend qu'il est devenu leur photographe (on peut lui associer Jean-Pierre Estournet).
Philippe CIBILLE travaille aussi pour de grandes entreprises nationales...
Voici quelques images récupérées sur divers sites qui illustreront son travail.
Circus Baobab (1-2), Vincent de Lavenière, Le Cri du Caméléon, Johanna Gallard, Pan-Pot

Bien sûr, il est compliqué de définir un style : nous savons bien que la prise de vues de spectacle dépend souvent des éclairages (fréquemment minimalistes) qu'on y trouve. 

Un livre : COSTUMES DE CIRQUE

COSTUMES DE CIRQUE de Serge Airoldi, photos de Philippe Salvat
Format 16 x 24 cm, 144 pages, 120 photos
Editions du Rouergue (Bibliothèque du costume), avril 2011

Les livres concernant le cirque sont trop rares pour ne pas se réjouir d'une parution. Et pourquoi pas relire une histoire du cirque en suivant l'évolution du costume des artistes. C'est ce qu'a fait l'auteur, Serge Airoldi (1966) qui est chroniqueur littéraire et écrivain dans le sud-ouest. Son récit est documenté : il a bien lu Pascal Jacob et Dominique Mauclair qu'il cite volontiers, et là c'est vrai que ce sont des connaisseurs en matière de cirque. Même si je n'avais pas l'esprit à être passionné par son texte (sans doute pour n'y apprendre rien), je reconnais volontiers que son découpage est bien construit : Londres 1768, écuyers et écuyères, les artistes dans les airs, dompteurs-dresseurs et belluaires, sur la planète des clowns, cirque d'aujourd'hui...
Evidemment, vous vous doutez bien que j'avais hâte de découvrir les illustrations...
Quelques photos d'archives, mais l'essentiel est dû à Philippe Salvat (1971), photographe installé à Dax, spécialisé en photographies tauromachiques. Les seuls spectacles de cirque qu'il semble avoir photographiés sont ceux de Saint-Paul-lès-Dax ou de Circa. Ses compétences ne sont pas mises en cause bien sûr, c'est le manque de documentation qu'il pouvait proposer. Car un tel livre méritait, pour conserver l'aspect didactique (qui m'a paru être recherché) une illustration plus pointue par rapport au texte. Enfin, c'est ainsi que j'ai compris ce livre, pour une vulgarisation réussie.
Si le chapitre concernant Vicaire est suffisamment développé, les illustrations concernant le travail actuel de Caroline Valentin sont insignifiantes et Judith Husch totalement oubliée.
Quoi qu'il en soit, il faut acheter ce livre, ne serait-ce que parce qu'on le trouve déjà (?) à moitié prix (voir Priceminister).

Si quelqu'un s'intéresse particulièrement aux costumes de Gérard Vicaire, il se procurera sans hésiter le livre de Genis MATABOSCH, VICAIRE, le costume de clown (2004).
Là tout est dit.

mercredi 29 juin 2011

Jean PICARD, photographe de cirque

La passion de la photo de Jean PICARD précède largement celle du cirque. Mais depuis quelques années, Jean est devenu, on peut le dire, le correspondant en photographie du Club du Cirque français dans sa région (nord de la France et Belgique francophone : il vit et travaille à Tournai). Il a participé aussi à notre livre FOTOCIRCUS 2005.
Jean PICARD a bien compris que l'initiative d'édition était capitale pour ses photos. Il a fait confiance lui aussi à Matisseo.
Sont ainsi parus 6 ou 7 albums de 32 à 48 pages :
-Cirque d'Hiver Bouglione, 2008-2009
-European Circus 2008
-European Circus 2009
-Bouglione, Tournai 2010
-Bouglione, Bruxelles 2010
-Première Grande Fête du Cirque de Tournai 2010
Quelques exemplaires, une impression de qualité et un choix d'images bien composées constituent les éléments d'une oeuvre à partager.
D'autres collègues photographes font le même choix. Je vous les présenterai bientôt : Jean-Pierre Jerva, Thierry Bissat, Patrick Prévost, Bernard Agion, Jean-Claude Cavier... Des photos de spectacle la plupart du temps bien meilleures que celles des programmes-papier.
Des éditions à suivre.

lundi 27 juin 2011

L'angle de prise de vue : une formidable photo de Daniel BLAISE

C'est une question que se posent les photographes dès lors qu'ils veulent dépasser le simple point de vue documentaire, qu'il s'agisse d'un objet, d'un paysage, voire d'un portrait. Quelle focale, quel angle de prise de vue ? Comment reproduire notre émotion ou celle dégagée par le sujet ?
Il y a une trentaine d'années, le photographe et ami Daniel BLAISE a rencontré le sculpteur Jean-Jacques B. (c'est ainsi qu'il signait et Daniel l'a perdu de vue). Il a photographié son Christ (visage à l'image du sculpteur).
Daniel publie sur son blog (http://photographies.db.over-blog.com ) deux photographies faites lors de cette rencontre. La seconde photographie m'a paru tellement forte que j'ai eu envie de vous la faire connaître.

Ceci est riche d'enseignement : ne pas se satisfaire de la première approche, mettre en oeuvre la technique appropriée... C'est sans doute plus facile avec un être inanimé qui a tout son temps !
Mais quel magnifique résultat ici, quelle puissance dans ce visage sans effet d'éclairage ! Quel cri, justement perçu grâce à cette plongée vertigineuse ! Daniel raconte que la photo a été réalisée pendant la fermeture de l'exposition...

mardi 21 juin 2011

Réponses aux COMMENTAIRES

Si j'ai bien compris et réussi, j'ai installé un "gadget" permettant d'être informé de la publication des nouveaux messages. Voyez-le pour vous inscrire sous la liste des messages publiés.

C'est une question que je me suis posée : faut-il montrer le contenu d'un livre comme on peut le faire sur Matisseo.com ou Blurb ? 
Ma réponse est bien sûr oui. C'est normal de pouvoir feuilleter un livre avant de l'acheter, surtout lorsqu'il n'est pas bon marché. Surtout lorsqu'il n'est pas distribué, comme les miens. C'est bien de voir et de savoir ce qu'on achète.
Quant à se dire que ceux qui les feuillettent ne les achèteront pas...,  je crois qu'ils ne les auraient pas achetés de toutes façons. Etre informé est une chose, posséder un objet en est une autre. Le livre a une préciosité incomparable : la photo publiée ne se regarde pas seulement, elle se touche (c'est pour cela qu'il vaut mieux qu'elle soit bien imprimée). On y revient. La mémoire est conservée. Que reste-t-il de l'image virtuelle vue sur l'ordinateur ?
Nous vivons une époque extraordinaire qui permet l'édition de quelques exemplaires seulement. Ceux qui ratent le livre à la parution auront bien du mal à le retrouver plus tard.

lundi 20 juin 2011

Un formidable portraitiste : Irving PENN

Irving PENN (1917-2009)
Dans ma bibliothèque, un livre de choix qui permet de bien comprendre et d'apprécier ce photographe novateur, EN PASSANT, publié par Nathan Image en 1991. En plus du fait que l'impression de ce livre est un exploit technique (trame extrêmement fine et vernis faisant cinquième couleur), le contenu, très copieux, permet de suivre l'histoire photographique de cet homme et d'apprécier ses recherches vis à vis de la lumière. J'ai relevé quelques périodes qui me semblent importantes.
1948. "Je commençai à faire des portraits en utilisant un espace délimité par deux panneaux de studio assemblés en coin, le sol étant recouvert d'un vieux tapis. [...] En restreignant les mouvements du sujet, j'avais un peu l'impression de pouvoir retenir leur attention".
La Duchesse de Windsor

En décembre 1948, envoyé au Pérou par son magazine de mode, il loue un studio de photographe local à Cuzco et y photographie tous les Péruviens qu'il peut. Ce studio est éclairé à la lumière du jour, il a une grande verrière, un sol dallé, une toile de fond peinte...
 Enfants péruviens à Cuzco

Au début des années 50, il est à Paris pour des photos de mode. Son directeur artistique lui demande une série de portraits d'artisans indépendants dans le genre petits métiers. Il loue un atelier d'artiste éclairé à la lumière du jour. Il renouvellera cette expérience à Londres et à New-York. Une collection de portraits remarquables.
 Le studio



En 1967, Irving PENN aménage un studio ambulant pour répondre à une commande de portraits ethnographiques au Dahomey, Népal, Cameroun, Nouvelle-Guinée et Maroc (1967-1971). Ce studio permet d'avoir un fond et une lumière naturelle uniformes. On peut bien surnommer ce photographe "le maître des lumières".
 Nouvelle Guinée

Maroc

Ci-dessous, deux autres portraits particulièrement célèbres, pour leur cadrage.
 L'oeil de Picasso

 Truman Capote

Dans les années 70, Irving PENN s'intéresse à nos déchets, notamment les mégots qu'il photographie à la chambre grand format, leur donnant le statut d'oeuvre d'art !

Mais Irving PENN est multiple : portraits à l'infrarouge, natures mortes de toutes sortes, fleurs en couleur sur fond blanc, crânes d'animaux et mode... car cet artiste travailla surtout pour le grand magazine Vogue.


Réflexions sur le portrait photographique

Un article du dernier numéro de CONNNAISSANCE des ARTS, consacré à la photographie, (texte de Véronique Bouruet-Aubertot), analyse les rapports entre le photographe et son modèle, s'agissant de portraits de stars.
J'ai trouvé intéressant d'extraire quelques citations qui peuvent conduire à réfléchir à l'acte photographique.

Un portrait photographique est l'image de quelqu'un qui sait qu'il va être photographié (Richard Avedon). Commence alors un"duel" entre le photographe et le photographié qui est soucieux de renvoyer une certaine image de lui-même.
Beaucoup de photographes essaient de trouver, derrière la star, l'individu sans artifice, essayant de faire tomber le masque : désacraliser pour révéler.
Aujourd'hui, il est souvent difficile pour un photographe de célébrités de garder son indépendance par rapport aux agents des maisons de disque, aux attachés de presse et aux services de communication qui veulent tout contrôler.
Quant à lui, le photographe Richard Dumas est clair :" L'erreur la plus commune est de croire que la photographie se fait au moment où l'on appuie sur le bouton. Elle se fait au moment du choix de l'image, aussi est-ce précisément ce que je ne laisse faire à personne". 
Tout à fait d'accord avec lui. Je préfère ne pas faire de photo s'il faut l'aval de la personne photographiée pour la publication (tout en essayant d'être le "meilleur" possible).

Voir Connaissance des arts, photo n° 27, 10 €

CIRQUE ICI - Johann LE GUILLERM - un livre

A le voir extérieurement, on se dit :"Tiens, un livre objet" en raison de la jaquette en toile plastique comme celle des chapiteaux.
Quand on l'ouvre, c'est un album avec une reliure à spirale.
Format 32 x 32 cm, 146 pages, 198 photos noir et blanc et 26 couleur, 1999.





Ce qui est intéressant, c'est qu'on considère la photographie comme matière essentielle à la matérialisation de la mémoire collective. Nous avons sous les yeux l'histoire de Johann Le Guillerm et de son équipe dans la création du premier spectacle du CIRQUE ICI (1995 - 1999). Spectacle, matériel, collaborateurs... 
Les photographies proviennent de diverses sources, mais c'est Philippe Cibille qui en est le principal auteur. Philippe Cibille est le plus important photographe du cirque dit nouveau, je reviendrai bientôt sur son travail.
  N'ayant jamais vu Johann Le Guillerm en piste, ces photos m'aident à comprendre son spectacle. C'est parfois étonnant et certainement d'un bon niveau acrobatique mais je ne suis pas sûr d'en rêver...

lundi 13 juin 2011

BOULEVARD DU CIRQUE N°1, les derniers exemplaires

Finalement, j'ai tiré ce N°1 à 60 exemplaires numérotés : il en reste une dizaine à vous proposer. Ne pas trop tarder !
Vous pouvez toujours le feuilleter en vous reportant à un précédent message.
Ceux d'entre vous qui viendront à la Bourse de VATAN, les 24 et 25 juin, pourront se rendre compte qu'il est... techniquement vraiment superbe ! Quant à l'intérêt des photos, c'est à vous de voir...


Duo MainTenant, Tommy Dieck, Tom Dougherty

Norbert GHISOLAND, photographe

Norbert GHISOLAND (1878-1939) était photographe dans le Borinage, région de Mons.
Dans son atelier, il travaillait comme tous les photographes de son époque (les années 20-30) : portraits à la chambre sur plaques de verre, en studio, des habitants de la région. Un décor peint agrémentait la prise de vues.
Son fils fut lui-même photographe, son petit-fils Marc (1949) aussi. C'est à lui qu'on qu'on doit la découverte de l'oeuvre de son grand-père. On pourra lire avec beaucoup d'intérêt l'aventure de Marc Ghisoland sur le site suivant http://lautresite.com/new/edition/carnets/1_norbert/index.htm .

Sur les 90 000 clichés pris par Norbert GHISOLAND, son petit-fils n'en retrouva que la moitié, en 1969 (toutes les plaques sont numérotées). D'heureuses circonstances lui permirent de soustraire suffisamment d'images pour en faire livres et expositions.
L'oeuvre de son grand-père est maintenant appréciée sur le plan artistique.
Quid des plaques de verre manquantes : elles comblèrent une pénurie de verre à la suite de la Première Guerre. Cette histoire me rappelle celle du photographe de Langonnet, Joseph Cadic, qui donna ses plaques aux organisateurs d'une kermesse locale pour le jeu du casse-bouteilles.
Ces photographes ne se prenaient pas pour des artistes. Ils pratiquaient consciencieusement leur métier. Ils firent un travail d'anthropologue sans le savoir en enregistrant les portraits d'une région et d'une époque.
J'ai relevé cette photo d'un contorsionniste local...

samedi 11 juin 2011

A la recherche de JEAN-PAUL

Qu'est devenu Jean-Paul ? Quelqu'un a-t-il de ses nouvelles ? 
A-t-il quitté la profession ?
Un livre photographique a immortalisé son personnage. On a pu le voir à l'oeuvre chez Roncalli, Knie et Louis Knie.
Format 22 x 22 cm, 88 pages, 64 photos noir et blanc de Navigo (Olaf Muller-Hanssen), photos 1989
Editions de la Gardine (Suisse) et du Mât (Bondues), 1991
Introductions de Paul Binder, Dimitri, Emil Steinberger et Fredy Knie senior.

Dimitri écrit :"Son clown est un parfait Monsieur Tout-le-Monde et tout le comique qu'il produit provient de cet état de fait. Son style est direct, attachant, jamais méchant, ironique ou agressif".





Le reportage photographique est de NAVIGO (Olaf Muller-Hanssen) qui collabora à l'édition du livre de Roncalli "Roncalli in Moskau" (1987). NAVIGO publia aussi une grande série de cartes postales noir et blanc de ses photos hors piste prises chez Roncalli. Il semble qu'il fasse aussi, comme ses parents, une carrière de peintre. A découvrir sur son site http://www.navigo-art.de .

Mardi 14 juin : En réalité, il suffisait de connaître le nom de famille de JEAN-PAUL pour retrouver sa trace sur le net. Jean-Paul Ledun. Vous trouverez toute sa carrière sur son site http://clownjean.tripod.com .
Vous saurez notamment qu'en 2010, il s'est beaucoup investi dans le théâtre...

Dans la Revue NEUF, demandez le numéro 7

Entre 1950 et 1953, la Revue de la Maison de la Médecine prend un nouvel essor. C'est un étudiant de 5e année qui prend en mains la revue. Il se nomme Robert DELPIRE, il a 23 ans : il deviendra un éditeur remarquable pour la photographie (il l'est toujours!). Vous trouverez sur le site suivant http://strenae.revues.org/73 le récit complet de cette aventure éditoriale. Cette revue, dénommée NEUF, eut 9 numéros, financés par la publicité, les laboratoires pharmaceutiques en particulier (un quart des pages est consacré à la pub).
Le comité de rédaction est composé d'internes. Peu à peu, la revue médicale devient entièrement artistique sur des thèmes : le coeur, le jeu, le sport, le dessin d'humour, le CIRQUE, les Indiens vus par Robert Franck... Les grands photographes et les écrivains de renom participent (Cartier-Bresson, Brassaï, Doisneau, Izis, André Breton, Jean-Paul Sartre, Pierre Mac Orlan, Georges Duhamel, Jean Cocteau, Jacques Prévert, entre autres).

Le numéro 7 concerne le cirque. Je vous le dis d'emblée : cet ouvrage est extra, il faut absolument le rechercher. Des textes passionnants de Tristan Rémy, Henry Thétard, Géo Sandry, L-R. Dauwen et Robert Delpire, lui-même. Des photos de Cartier-Bresson, Doisneau, Ronis, Robert Franck... Des dessins d'André François.



Réservée au monde médical, cette revue fut aussi distribuée en librairie. Il y eut même, pour certains numéros, une édition reliée. Avec Robert Delpire, la photographie est devenue reine.

Format 21,5 x 27,5 cm, 84 pages avec la couverture.

jeudi 9 juin 2011

August SANDER, photographe

August SANDER (1876-1964) gagne sa vie comme portraitiste à Cologne.
Au début des années 20, il est lié aux cercles culturels de sa ville et travaille sur une sorte d'inventaire sociologique des types humains, des classes sociales et des métiers (paysans, artisans, femmes, artistes, les derniers des hommes-vieillesse, maladie, mort...), des hommes sans masques, une photographie sociale, réelle.
L'arrivée au pouvoir des nazis va l'amener à déménager vers la campagne, il met à l'abri  10 000 négatifs. Son livre "Visages d'une époque" est interdit en 1936 et détruit. Son fils Erich est emprisonné pour appartenance au mouvement des ouvriers socialistes de gauche : il meurt en prison.
En 1944, un bombardement détruit 50 000 épreuves. 30 000 négatifs brûlent dans un incendie en 1946.
Après la guerre, August SANDER met de l'ordre dans ses archives.
La modernité de son travail a inspiré de nombreux photographes. On parle de 600 photographies qui constituent le fond essentiel de son oeuvre.
Voici une petite sélection pour illustrer le style : remarquer le regard franc et direct des modèles. 
 Pour commencer une troupe de cirque...